Dane Rudhyar en 1982, dans son jardin de Palo-Alto, Californie (photo Samuel Djian-Gutenberg)Dane RUDHYAR est né à Paris le 23 mars 1895, à 0h40.A l’âge de 21 ans, il émigre aux États-Unis qui sont pour lui le sol vierge sur lequel pourra émerger le « Nouveau Monde ». A travers son oeuvre de compositeur, poète, peintre, romancier, essayiste, il consacre sa vie à semer les graines qui permettront de faire naître cette nouvelle conscience. L’Astrologie est un support primordial de la philosophie qu’il a élaborée, philosophie qui est une synthèse de la pensée occidentale intégrée dans une étude approfondie des approches orientales et occultes.La psychologie des profondeurs de Jung tout comme les psychologies humaniste et transpersonnelle trouvent également leur place dans sa pensée. |
L’œuvre philosophique et astrologique de Rudhyar est abondante. Le thème majeur en est l’évolution de l’Homme vers une conscience toujours plus grande de lui-même et de l’Univers jusqu’à atteindre un état transpersonnel, état qui transcende sa personnalité (mouvement ascendant). Dans le même temps, cette personnalité est devenue tellement “translucide” qu’elle est capable de canaliser l’Esprit dans la matière et d’ainsi illuminer cette dernière d’une signification sacrée (mouvement descendant). Dane Rudhyar est mort à San Francisco en 1985.
Découverte de Rudhyar
C’est Germaine Holley qui me parla pour la première fois de Dane Rudhyar en 1978. Par la suite, je me rendis compte qu’Henry Miller en avait parlé dans certains de ses livres que j’avais lus en 1972-73. Mais cela m’avait échappé ou bien s’était inscrit comme une évidence dans un coin de ma mémoire.
Quand j’ai connu Germaine Holley, en cette même année 1978 – marquée dans mon thème natal par des transits et des progressions importants et une Révolution Solaire très significative, une de ses amies suisse (la Suisse joue un grand rôle dans ma vie personnelle, autre coïncidence avec Germaine Holley et Charles Vouga, ce qui est normal, au demeurant, pour un Mars Maître d’Ascendant en Vierge…tout comme Germaine, « le plus emm…des Mars ! » disait-elle), Yvonne Anex-Genoud, travaillait à la traduction en français du premier livre de Rudhyar Le Cycle de la Lunaison. J’eus ainsi l’occasion de lire le manuscrit de la traduction et c’est de cette manière que je pris contact avec la pensée de Rudhyar. Ce livre me transporta à nouveau vers des sommets astrologiques et métaphysiques aussi élevés que l’Everest. Madame Holley me dit alors que, compte-tenu de mes études et de ma tournure d’esprit, Rudhyar aurait certainement beaucoup à m’apporter.
Elle me donna à lire les quelques livres, en anglais, qu’elle possédait dans sa bibliothèque, certains annotés par Vouga. C’était du petit lait qui était déversé dans ma conscience et j’avais le sentiment de repousser sans arrêt l’horizon de ma connaissance. Cette année 78 fut marquée pour moi par une ouverture prodigieuse : la rencontre avec Germaine Holley et l’enseignement qu’elle me dispensait personnellement ou à travers les groupes qui se réunissaient autour d’elle, la découverte de Rudhyar, mon premier voyage en Inde et l’enseignement de Paramahansa Yogananda, mes débuts de consultant en Astrologie…
Durant l’été de 1979, alors que j’étais resté à Varengeville auprès de Germaine Holley après les stages, je me rendis compte que, depuis Dieppe, je n’étais qu’à quelques encablures de l’Angleterre et de Londres où je pourrais sans doute trouver d’autres livres de Rudhyar. Un petit matin brumeux, j’allais jusqu’à Dieppe avec la vieille R8 de Madame Holley et m’embarquait pour Newhaven. Tandis que le ferry prenait le chemin d’Albion, il me revint en mémoire un épisode de la vie d’Henry Miller qui fit ce même trajet dans les années 30 (Via Dieppe-Newhaven dans le recueil de nouvelles Max et les phagocytes).
Je rentrai de Londres avec tous les livres de Rudhyar, le cœur en fête, assoiffé. Immédiatement, au fur et à mesure que je lisais, j’appliquais la compréhension que Rudhyar m’apportait à ma propre vie et celle-ci m’apparaissait pleine d’un sens que je percevais certes, mais qui prenait sa pleine mesure avec la notion de cycle par exemple, particulièrement le Cycle de la Lunaison progressé. Les Symboles Sabian apportaient un éclairage nouveau et riche de perspective. Le lien que Rudhyar faisait avec la psychologie que j’étudiais en profondeur dans le même temps, comme avec toutes les spiritualités orientales et occidentales dans lesquelles j’étais plongé depuis 1972, me permit d’intégrer, de manière « holistique », toutes les recherches et les études que j’avais pu faire depuis que j’étais en quête, en fait depuis mon enfance ! Ma vie s’ordonnançait. En lisant Birth Patterns for a New Humanity (traduit par la suite en français sous le titre L’Histoire au rythme du cosmos), je pus faire le lien entre mes études de Sciences Politiques à l’Université et l’Astrologie. Ce qui m’avait appelé, quand j’avais entrepris ces études, c’était le besoin de comprendre la place de l’homme dans le monde, sa place dans la société, l’évolution des sociétés et la manière dont elles pouvaient vivre en fonction de choix sociaux et économiques spécifiques. J’espérais que cette compréhension m’aiderait à mieux œuvrer pour que chacun soit à sa juste place et contribue à la bonne marche de la vie communautaire dans le respect des différences, dans un esprit de justice et de partage. Ce besoin de participer l’émergence d’une nouvelle forme de société et à de nouvelles formes de relations humaines m’habitait depuis l’enfance et c’est ce qui m’a poussé plus tard à aller à Findhorn où une expérience de vie nouvelle était en route, puis à fonder, avec d’autres chercheurs, le Groupe de Lucinges, en Haute-Savoie, qui s’était donné pour mission, en tout cas dans mon esprit, de faire émerger concrètement ce nouveau type de relations.
Quelques mots sur l’œuvre de Rudhyar
Avec l’approche socio-politique fondée sur une compréhension spirituelle de l’univers et de l’homme que j’ai trouvée chez Rudhyar, cette dimension que je recherchais, à tous les niveaux, était présente et clairement formulée. Il ne faut pas oublier que Rudhyar n’était pas un astrologue en réalité, contrairement à l’idée réductionniste que l’on se fait de lui dans certains milieux astrologiques. C’était un penseur, un philosophe, un visionnaire d’un monde nouveau et il a tenté de donner à cette vision différents modes d’expression sur les multiples plans dans lesquels chacun de nous évoluons, physique, émotionnel, mental, spirituel. La musique (à l’origine, il était compositeur), la poésie, le roman, la peinture, l’essai et, bien sûr, l’Astrologie, étaient pour lui des outils à travers lesquels il pouvait illustrer sa vision. C’est pourquoi ses écrits majeurs ne sont pas des livres d’Astrologie, mais des livres « métaphysiques » et nul ne peut aborder réellement son Astrologie s’il ne les a lus au préalable. Citons principalement The Planetarization of Consciousness (Vers une Conscience planétaire), Occult Preparations for a New Age (Préparations spirituelles pour un Nouvel Age), Beyond Individualism (Un Nouvel Homme pour un Nouvel Age). Et si on ne devait lire qu’un seul de ces livres, il faudrait lire son testament philosophique : « Rythm of Wholeness » (Le Rythme de la Totalité) publié en anglais en 1983, en français un peu plus tard. Rudhyar m’a dédicacé le livre quand il est sorti « For Samuel, that his life may unfold in rythms of wholeness and peace » (Pour Samuel, que sa vie s’accomplisse aux rythmes de la totalité et de la paix).
Cher Rudhyar, merci de votre souhait qui m’a accompagné depuis que je vous ai rencontré. Et si j’ai effectivement le sentiment, avec les années, que ma vie suit bien le rythme de la totalité, je sais que l’acquisition de la paix et de la sérénité est le fruit d’un long chemin. Mais, plus j’avance, et plus les périodes durant lesquelles elles se manifestent prennent de l’ampleur…
Par rapport à la vision plus sociale évoquée plus haut, Rudhyar a écrit un certain nombre de livres parmi lesquels « Directives for a New Life », « The Rhythm of Human Fulfillment » et, particulièrement, « Culture, Crisis and Creativity » (non traduits en français).
Contact avec Rudhyar
Lorsque Germaine Holley me fit découvrir Rudhyar, aucun de ses livres n’étaient traduits en français. Le Cycle de la Lunaison le fut en 1978, la plupart des autres à partir de 1982-83. Je venais juste d’apprendre, lors de mon voyage en Inde, à lire vraiment en anglais et la lecture de Rudhyar contribuèrent à enrichir ma connaissance de cette langue.
C’est précisément en anglais (laborieusement !) que j’écrivis ma première lettre à Rudhyar. Devant mon enthousiasme et la rapidité avec laquelle j’intégrais les concepts élaborés par Rudhyar, Madame Holley me suggéra de lui écrire. « Vous savez, il sera très heureux de savoir que de jeunes astrologues français s’intéressent à son œuvre et la diffusent comme vous le faîtes désormais ». Elle était en contact avec Rudhyar depuis des années, elle l’avait rencontré dans des congrès d’astrologie aux États-Unis et ils avaient sympathisé, reliés par la langue française. Elle me donna donc son adresse, mais j’attendis un certain temps avant de lui écrire. Je n’osais importuner celui qui était devenu pour moi mon maître en Astrologie. Je profitais des fêtes de fin d’année, en 1979, pour lui envoyer mes vœux et le remercier de ce qu’il m’avait apporté.
A mon grand étonnement, il me répondit et ainsi s’engagea une correspondance régulière. Il me suggéra d’ailleurs de lui écrire en français tandis que lui le faisait en anglais. Dans ces années-là, Rudhyar était quasiment inconnu en France et seul Le Cycle de la Lunaison avait donc était traduit. Comme je désirais à tout prix le faire connaître et faire partager l’enthousiasme et l’immense vision qu’il m’inspirait, je donnais des conférences mensuelles au Centre Galande, dans le 5eme, qui attirait nombre de personnes en quête d’une autre conscience autour de Claude-Marc Perrot, qui fut mon analyste.
Par Germaine Holley, j’avais également fait la connaissance d’Annick Gignoux, qui dirigeait la Librairie de Médicis ainsi que les Editions du même nom. Quand je lui parlais de Rudhyar, je lui dis que d’ici quelques années, il serait considéré comme l’astrologue essentiel du XXème siècle. (En fait, je me trompais d’une certaine manière : il était tellement en avance sur l’évolution des consciences que peu d’astrologues, dans ce siècle scientiste, pouvaient réellement appréhender sa véritable dimension. Alors, il sera, pour sûr, l’astrologue du XXIème siècle !).
Toujours est-il qu’Annick me fit confiance et me demanda de lui citer, parmi les livres de Rudhyar, ceux qui me semblaient devoir être traduits en priorité. Le choix était difficile car tous les livres me paraissaient essentiels. Mais je finis par choisir cinq titres : La Pratique de l’Astrologie, L’Astrologie de la Personnalité, Les Symboles Sabian, Approche Astrologique des Complexes Psychologiques et Astrologie et Psyché Moderne. Annick me proposa de traduire le premier et je me mis aussitôt au travail. Mais, pour certaines raisons, le projet ne put aboutir. Cet incident me décida alors à partir aux Etats-Unis car ce qui m’importait le plus était de rencontrer mon maître et de passer du temps auprès de lui avant qu’il ne quitte son corps.
La Californie
C’est ainsi que je débarquais à Los Angeles en juillet 1981, après avoir fait auparavant, par un concours de circonstances innatendu, un détour de 6 mois en Inde. Dans le taxi qui m’amenait de l’aéroport à downtown, la radio diffusa la chanson de Scott McKenzie « If you are going to San Francisco » qui avait marqué, avec bien d’autres, une certaine époque de ma vie : la Californie et particulièrement San Francisco étaient alors le lieu de la « contre-culture », de l' »underground » et bien des choses qui se sont passées dans les « sixties » et qui nous parvenaient en France à travers la revue « Actuel » n’étaient pas étrangers au fait que je me trouvais soudain à la source de ce que j’étais devenu. Il ne faut pas oublier que Rudhyar a été découvert par cette contre-culture et il fit figure, durant cette période, de maître à penser tout comme Alan Watts ou Ram Dass (l’Américain, universitaire défroqué, et non Swami Ramdas, l’auteur des merveilleux Carnets de Pèlerinage) par exemple. Par la suite, j’eus l’occasion de discuter avec Rudhyar et sa femme, Leyla Rael (qui, née la même année que moi, avait participé, à sa manière, à cette dynamique) et tous les deux me parlèrent de l’effervescence et de l’impact de ce mouvement sur la prise de conscience de l’Amérique.
L’une des incidences de la contre-culture fut l’émergence du mouvement du Nouvel Age. Au moment où j’arrivais aux Etats-Unis, le Nouvel Age démarrait et le livre de Marylin Ferguson, Les Enfants du Verseau, en était devenu une sorte de manifeste. Rudhyar était au fait et au cœur de tout cela et il m’en parla très clairement. Il était très intéressé par ce qui se passait – il a abondamment évoqué l’Ere du Verseau dans ses ouvrages – et en même temps il était très réservé. Au-delà de la richesse que le mouvement faisait surgir, il était très conscient des dérives qu’il portait en lui. Il fut l’un des premiers, non pas à le dénoncer, mais à mettre en garde ses adeptes contre les dangers à venir. Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, le Nouvel Age a été un mouvement riche à ses débuts et il correspond à une étape dans la conscience de l’évolution…
J’avais prévenu Rudhyar de mon arrivée et il m’avait répondu que lui et Leyla Rael seraient heureux de m’accueillir. Cela faisait un mois que j’étais à Los Angeles lorsque Leyla me contacta pour me dire que Rudhyar était prêt à me recevoir. Je me rendis donc à San Francisco, tout émerveillé de découvrir la ville de la « maison bleue ». Et même si l’époque des sixties était révolue, Frisco et toute la « Bay Area » bruissaient de cette vie fantastique de la rencontre entre l’Orient et l’Occident, de tout ce foisonnement dans tous les domaines. Il y avait du bon et du moins bon et puisque l’Espagne avait laissé son empreinte sur cette région, on peut dire que c’était l’auberge espagnole…
Première rencontre avec Rudhyar
Tout comme cela m’était arrivé quelques temps auparavant avec Germaine Holley, je vivais dans une sorte d’état second dans l’attente de la rencontre. « Beyond Individualism » (« Un Nouvel Homme pour un Nouvel Age ») venait juste de sortir et sa lecture ne faisait que renforcer mon bouillonnement intérieur. San Francisco est une ville magnifique et son décor prestigieux a servi de cadre à maints films ou téléfilms. Son climat est tout à fait particulier et les moments de grande chaleur alternent avec les moments de brouillard opaque, le fog. Quand le fog s’abat sur la ville, on a intérêt à être chaudement vêtu, sinon il s’insinue dans notre peau. Dans mon esprit, avant de débarquer à SF, je pensais qu’il y faisait toujours plein soleil. Aussi me fallut-il faire l’acquisition d’un manteau pour affronter le fog.
Le matin de ma première entrevue avec Rudhyar – j’avais rendez-vous en début d’après-midi à Palo Alto, à près d’une heure de train de SF – le fog s’étendait sur la ville. A mesure que le train s’éloignait de la ville, le soleil perçait les brumes et, finalement, je me retrouvais dans une lumière éblouissante et une chaleur écrasante. Sensible aux symboles, aux coïncidences et aux synchronicités, je ne pus m’empêcher de faire le parallèle avec la rencontre que je vivais. Des gares de villes au nom magique défilaient l’une après l’autre tandis que le train descendait la « Peninsula » en direction de Palo Alto : Menlo Park, Redwood City, San Carlos…le long du célèbre El Camino Real. Palo Alto, enfin. Leyla Rael m’attendait et, après m’avoir serré dans ses bras à la manière américaine, le « hug », elle me conduisit jusqu’à la villa où résidait Rudhyar.
Bien qu’âgé – il avait 85 ans – Rudhyar était grand et élancé, légèrement vouté. Il se pencha vers moi et me serra à son tour dans ses bras « Welcome, dear friend » me dit-il. Intimidé, impressionné d’être en présence de mon maître, je baragouinais quelques mots en anglais. Aux différentes questions qu’il me posait, je bafouillais, essayant de répondre avec mon accent épouvantable et incompréhensible. Au bout de quelques minutes, Rudhyar me dit, en français : « Parlez donc en français, votre anglais est incompréhensible ! » A partir de ce moment, toutes nos conversations – à mon grand soulagement – se firent en français.
Auprès de Rudhyar
Peu de temps après cette première rencontre, je m’installais à San Carlos, non loin de Palo Alto où je me rendais quasiment chaque jour en bus pour passer quelques heures avec Rudhyar. J’arrivais vers 10 h et nous nous mettions au travail. Le but était de clarifier les concepts que l’on trouve dans son œuvre afin que les traductions futures de ses livres soient en phase avec son enseignement. De même, il tenait à ce que certains mots soient traduits exactement comme il l’entendait. Par exemple, dans certains contextes, il demandait à ce que mind soit traduit par mentat. Il m’expliqua que, si je voulais bien comprendre le sens de son enseignement et ne pas commettre de contresens dans une traduction, il me fallait lire les théosophes, notamment Annie Besant ainsi qu’Alice Bailey. Bien que sa vision du monde se démarquait par certains côtés de celle des théosophes ou d’Alice Bailey, fondamentalement, il y avait un lien entre elles. Il me raconta qu’il avait bien connu Alice Bailey. Elle l’encouragea à écrire son premier livre, « L’Astrologie de la Personnalité », qu’elle fit publier, en 1936, par sa propre maison d’édition, le Lucis Trust. J’avais déjà bien abordé par moi-même les théosophes et je me mis à lire Alice Bailey, ce qui, effectivement, me permit de mieux situer la pensée de Rudhyar. Cette connaissance me servit à traduire le mieux possible deux des livres de Rudhyar que Annick Gignoux me proposa de traduire lorsque je rentrais définitivement en France en 1983 : « Approche astrologique des complexes psychologiques » et « Astrologie et Psyché moderne ». Surtout, je fus mieux à même de diffuser correctement l’enseignement de mon maître à travers les stages, conférences et séminaires que je donnais à partir de cette date ainsi que dans les articles que j’écrivis dans de nombreuses revues.
Mon séjour en Californie se partagea entre les visites à Rudhyar, les rencontres avec les autres disciples de Paramahansa Yogananda, la découverte de la mouvance du Nouvel Age, un approfondissement de ma recherche dans tous les domaines. Il m’arrivait souvent, en rentrant de chez Rudhyar, de m’arrêter à Menlo Park pour passer des heures dans la librairie East-West Bookshop où je trouvais des trésors inconnus en France. Avec Rudhyar, nous fîmes un pèlerinage à Big Sur, que je raconte dans un article publié dans la revue « D’Ames et d’Hommes » : D’Henry Miller à Dane Rudhyar.
Retour en France
Au bout de quelques mois, je voulus rentrer à Paris pour liquider mes affaires et revenir m’installer définitivement en Californie. Je pensais faire un aller-retour et rester une quinzaine de jours au plus en France. Je me dis que, tant qu’à faire, je pourrais profiter de ce séjour pour donner une conférence sur Rudhyar et faire, peut-être, quelques consultations. Quand j’étais parti en Inde puis aux Etats-Unis, 2 ans plus tôt, j’avais laissé ma clientèle qui devenait tout de même conséquente et je pensais qu’après une absence aussi longue, il me faudrait tout redémarrer à zéro si jamais je voulais me réinstaller sur Paris. Je demandais à mon ami, le psychanalyste Claude-Marc Perrot, de m’organiser une conférence au Centre Galande qu’il avait créé de nombreuses années plus tôt. Avant mon départ, je travaillais en tant qu’astrologue dans le cadre de cette association qui faisait figure de pionnier dans le domaine du développement personnel tel qu’on l’entend aujourd’hui.
Quand j’arrivais à Paris pour cette conférence, je fus étonné par la foule qui m’attendait dans le petit appartement de la rue Valentin-Haüy, siège de l’association. Dans la pièce qui servait de lieu de conférence, de cours ou de stage, les gens étaient serrés les uns contre les autres, certains n’avaient pu rentrer et s’étaient agglutinés dans le couloir. Vainquant la timidité qui m’a toujours habité – il me fallait, surtout à cette époque faire un violent effort sur moi-même pour sortir de ma Maison XII mais ma foi m’emporter vers l’extérieur – je me lançais. Progressivement, j’étais emporté par mon enthousiasme et je sentais les personnes devant moi complètement en résonance avec ce que je disais et la vision que je proposais de Rudhyar semblait rencontrer l’adhésion. Quand j’eus terminé après la lecture enflammée d’un passage de « Directives for a new life », la salle éclata en applaudissements. Jamais, jusque-là, je n’avais ressenti avec autant de force ce que voulait dire « être un canal ». Ce soir-là, non seulement je m’étais vraiment mis au service de Rudhyar et de l’évolution de la conscience mais j’avais aussi découvert que j’étais moi-même.
La demande de consultations, de cours et de séminaires fut tel que je restais 3 mois à Paris pour y répondre. Je sus alors que ma place était là, en France, et que les Etats-Unis étaient avant tout un lieu de ressourcement et de découvertes. Je fis encore 2 fois ces navettes entre Paris et la Californie consacrant mon temps à Rudhyar quand j’étais outre-Atlantique et à mon travail d’astrologue quand j’étais à Paris.
A la fin de 1982, je rentrais définitivement en France et alors commença réellement mon travail de diffusion de la pensée de Rudhyar et d’enseignement. Pascale Bergeron, qui venait de créer son école d’Astrologie sur Lyon, me demanda de venir enseigner chez elle. Tout un mouvement lié plus ou moins à la dynamique du Nouvel Age se développa sur la France et en Europe et des centres de stages et de lieu d’enseignement de toutes sortes de disciplines de développement personnel se créèrent un peu partout. Pour ma part, je collaborais avec Corps et Energie d’Evelyne et Alain Chevillat qui furent également à l’origine de la revue « Sources » qui informait sur tous ces sujets et, surtout, faisait un lien entre les enseignements de l’Orient – particulièrement de l’Inde – et l’Occident. Je trouvais naturellement ma place dans cette approche. (Pour la petite histoire, Alain et Evelyne partirent ensuite quelques temps en Inde et, quand ils revinrent, créèrent « Terre du Ciel »).
Jusqu’à sa mort, en 1985, je restais en contact épistolaire avec Rudhyar et continuais à bénéficier de ses précieux conseils. Aujourd’hui, il est plus que jamais présent en moi, tout comme Germaine Holley et Charles Vouga. Même si j’ai fini par trouver, avec l’Astrologie Transpersonnelle, mon propre mode d’expression de ce qu’ils m’ont transmis, je leur suis fidèle comme en Inde un disciple l’est par rapport à ses maîtres.
© Samuel DJIAN-GUTENBERG
RETOUR à la page «Les Maîtres de Samuel»